Activer le bonheur au travail est une tendance de fond (ou une mode diront certains) qui touche tous les niveaux de l’entreprise : RH, marketing, production etc… Mais qu’en est-il du leadership ? Quelle est la place d’un leader sur les sujets du bonheur au travail ?
Découvrez ici un condensé de Leading with happiness, ouvrage écrit par Alexander Kjerulf, Chief Happiness Officer, fondateur de Woohoo Inc et expert international du bonheur au travail. Une lecture que j’ai particulièrement appréciée par son franc-parler, l’appui sur les apports de la psychologie positive et les exemples très concrets et étayés.
1. Le bonheur au travail est une responsabilité de tous les leaders
Le bonheur n’est pas seulement une partie intégrale du leadership mais devrait être le but ultime de tout leadership
Ainsi, en tant qu’être humains, nous avons une responsabilité éthique, un devoir de favoriser le bonheur des autres et du monde en général.
Il prend là une citation du livre “The Ethical demand” de K.E.Løgstrup
Par notre attitude les uns envers les autres nous aidons à former les contours du monde de cette personne. Par notre attitude envers l’autre nous l’aidons à déterminer la portée de son monde : nous le rendons petit ou grand, lumineux ou sombre, riche ou ennuyant, menaçant ou rassurant. Nous l’aidons à façonner son monde non pas par des théories mais par notre attitude envers lui.elle.
Les leaders ont une obligation à favoriser le bonheur en particulier, car ils sont en position d’influencer un large nombre de personnes. Jouer ce rôle d’activateur de bonheur est crucial vu leur capacité d’influence.
2. Il n’y a pas un mais des leadership
Le leadership n’est pas un art absolu et une règle que l’on pourrait considérer universelle pourrait très bien ne pas fonctionner dans certains cas.
Par contre, nous pouvons distinguer un bon leadership d’un mauvais leadership. Le bon leadership est celui qui produit du bonheur.
3. Le leadership à la sauce du bonheur, c’est aussi un leadership qui renforce la capacité des personnes
Alexander Kjerulf utilise plusieurs fois l’exemple de Benjamin Zander, chef d’orchestre de l’orchestre philarmonique de Boston. Pour Benjamin Zander, si les musiciens sont heureux, leur musique devient heureuse, harmonieuse, et on atteint là l’essence de la musique classique. Son but en tant que chef d’orchestre est donc de révéler les talents et de rendre heureux les membres de son orchestre, en ne doutant jamais de leur capacité à y arriver.
4. Un leader heureux n’est pas constamment joyeux
Ceci est répété inlassablement dans tous les ouvrages, tous les cours liés au bonheur que j’ai pu parcourir. Le bonheur ce n’est pas d’être heureux tout le temps. Un état de bonheur se manifeste par des émotions positives généralement plus présentes que les émotions désagréables et une satisfaction générale de la vie.
5. Le bonheur et la satisfaction ne sont pas la même chose
Je reprends ici le tableau développé à la plage 25 de son ouvrage, qui explique à merveille les différences entre les deux.
Ainsi, quelqu’un qui s’attache à créer un environnement de travail heureux (un Chief Happiness Officer par exemple) doit regarder des indicateurs de bonheur plus que des indicateurs de satisfaction.
Cela est d’autant plus vrai que plusieurs chercheurs ont observé une corrélation faible entre satisfaction et performance au travail, mais un lien fort entre un état émotionnel positif et la performance au travail.
De même, mesurez la capacité de vos collaborateurs à rendre vos clients heureux plutôt que le degré de satisfaction des clients. C’est un indicateur de fidélité, d’expérience beaucoup plus fort.
6. Le bonheur est contagieux : en tant que leader répandez le bon virus
Les leaders ont une place prépondérante dans une équipe et les émotions étant contagieuses, un leader heureux aura un effet bien plus positif qu’un leader gronchon (grincheux + ronchon en une seule personne).
J’ai vécu moi-même cet effet-là pendant quelques semaines difficiles personnellement. Pendant ces semaines j’ai, sans le vouloir, contaminé mon équipe par mes émotions. Leçon apprise : en cas de mal-être, savoir être vulnérable et simplement dire que l’on n’est pas au top créé de l’empathie par votre équipe. Cela vous fait reconnaître la situation et désamorce des émotions négatives.
7. Simuler le bonheur est contre-productif
Contrairement à l’adage “fake it until you make it”, feindre le bonheur et la joie ne crée pas de vrai bonheur au long-terme. Au contraire, cela peut même créer du stress.
Il cite une étude menée par des chercheurs allemands (disponible à ce lien) qui analyse les conditions de travail de personnes obligées de sourire / être aimables à la longue toute la journée. La conclusion : les personnes qui doivent toujours répondre de manière positive, même en cas d’insultes, de harcèlement peuvent être sujettes à un stress important (augmentation du rythme cardiaque notamment).
8. Le leader doit d’abord commencer par son propre bonheur avant celui des autres
Pour Alexander Kjerulf, l’ordre est simple
- Commencer par soi-même (c.f Gandhi qui disait que si on voulait changer le monde il fallait commencer par soi-même)
- Impacter positivement ses collaborateurs et les rendre heureux
- Impacter positivement ses clients / partenaires et les rendre heureux
- Impacter positivement le reste du monde
Quelques conseils pratico-pratiques pour améliorer son propre bonheur :
- Faire de l’exercice physique
- Dormir
- Faire preuve de gratitude et de reconnaissance
- Nourrir ses relations sociales, intimes, amicales, familiales
- Se faire conseiller et accepter les feedbacks que l’on nous fait
9. Le salaire, les avantages, les titres ne sont pas ce qui rend les gens heureux
Par contre, leur absence ou un traitement inégal peut rendre les personnes malheureuse. Votre entreprise est-elle équitable ? Vos collaborateurs ont-ils un sentiment d’équité et de justice ?
A la place, ce sont ces ingrédients qui vont faire que des collaborateurs se sentent heureux :
- L’autonomie. Il cite à ce propos un commandant de sous-marin américain, David Marquet :
Bad leaders give bad orders. Good leaders give good orders. Great leaders give no orders
- Le sens : ils savent pourquoi ils font les choses et à quoi ils contribuent
- Le feedback. Un feedback peut concerner un résultat, un effort, la personnalité de la personne. Dans tous les cas, un feedback doit comporter 3 éléments :
- Authenticité et véracité
- Profondeur et sens
- Spécificité (le relier à un événement / action réel)
Exemple de leader qui a mis le feedback au coeur de son organisation : Jack Mitchell, propriétaire de deux entreprises, et auteur de “Hug your people”, qui tous les matins mettait 10 pièces dans sa poche gauche de pantalon. A chaque fois qu’il faisait un compliment à un employé, il passait une poche de sa poche gauche à sa poche droite. Et ne quittait pas l’entreprise avant que toutes les pièces soient passé de la poche gauche à la poche droite.
De la même manière, ne récompensez pas la performance : les collaborateurs auront tendance à se focaliser sur la récompense et non l’effort fourni. L’auteur recommande plutôt de célébrer la performance.
10. Il existe différents rôles dans une équipe pour favoriser le bonheur
Pour Alexander Kjerulf, les rôles de chacun.e ne sont pas les mêmes pour favoriser le bonheur en entreprise :
- Equipe de direction : concevoir la structure organisationnelle, les valeurs et les processus
- Middle management : favoriser le bonheur au sein de sa propre équipe et créer / activer une culture qui promeut et facilite le bonheur
- Employés : prêter attention à son propre bonheur et le faciliter pour ses collègues
11. Ne recrutez pas quelqu’un de malheureux
Vous pouvez recruter quelqu’un d’heureux, qui n’a pas les compétences requises et lui faire acquérir les compétences. Mais vous ne pourrez pas recruter quelqu’un de compétent, malheureux et le rendre heureux.
Assurez-vous lors de vos recrutements, conseille Alexander Kjerulf, de recruter des personnes heureuses, en phase avec votre culture et vos valeurs. Quelques exemples de questions à poser lors d’un recrutement pour trouver une perle en adéquation avec une culture du bonheur :
- Quel est le meilleur / la meilleure collègue que vous ayez eu.e ? Qu’aimiez-vous à propos de cette personne ?
- Parlez-moi du meilleur / la meilleure manager avec lequel vous avez travaillé. Qu’aimez-vous le plus à propos de lui / d’elle ?
- Quel est le projet le plus fun sur lequel vous ayez travaillé ?
- Quel a été un de vos meilleurs moments au travail ?
12. Faites en sorte que vos clients se sentent géniaux
Une fois que vous vous êtes dédiés à vous-mêmes, à vos collaborateurs, au tour de vos clients. Aidez vos clients à se sentir géniaux, meilleurs et à atteindre le meilleur d’eux-mêmes. Tout comme un coach sportif aide son client à se surpasser, se dépasser et être fier.
Amusez-vous avec vos clients, créez des surprises et mettez de la magie dans ce que vous faites.
Source de l’image : https://www.notsalmon.com/
13. Le client n’a pas toujours raison
Finie l’ère du client-roi, du client-tyran. Vos collaborateurs viennent avant vos clients et il faut protéger vos collaborateurs de clients abusifs, irrespectueux.
Eh oui, vous pouvez virer un de vos clients s’il nuit à vos employés. C’est même grandement conseillé.
14. Diriger avec bonheur doit se faire même pendant les temps durs
Ce n’est pas quand la crise arrive que l’exigence de bonheur doit passer au placard. Au contraire, elle prend encore plus d’importance à ce moment-là. Donc en cas de crise managériale, financière, plusieurs conseils :
- Si vous devez réduire vos dépenses, réduisez les salaires et non le nombre d’emplois
- Communiquez de manière ouverte
- Impliquez les employés dans les décisions
🚀 Mes prochaines actions
- Ajouter des indicateurs sur le bonheur vécu pendant les formations et événements que j’anime
- Trouver des manières de plus bouger lors de mes journées 100% en télétravail
- Lire “Nuts“, ouvrage conseillé par Alexander Kjerulf, qui raconte l’histoire des fondateurs de SouthWest Airlines et comment ils ont remis le bonheur au centre de leur expérience collective
- M’attacher à ce que mes clients, bénéficiaires, collègues et partenaires se sentent géniaux, quelque soit l’occasion 💙