Aujourd’hui, je vous propose de découvrir mon échange avec Hélène Boivin. Hélène accompagne des collectifs à mieux agir ensemble en endossant plusieurs casquettes. Facilitatrice d’intelligence collective, Hélène est aussi une improvisatrice passionnée, et est suis formatrice pour démasquer et réagir face au sexisme du quotidien avec Ekiwork.
J’ai eu le grand plaisir de collaborer avec elle sur plusieurs projets ces derniers mois et ai le grand plaisir de vous livrer cet échange.
Dans cet échange, nous abordons plusieurs questions :
💡 Entre prestations rémunérées et mécénat de compétences comment fonctionnes-tu ?
❓Qu’a changé le confinement à ta vision de la facilitation ?
🎯 Selon toi est-ce que le métier de facilitateur va continuer à exister ?
🎭 Tu as une pratique créative très développée (danse, improvisation théâtrale, comédie musicale). Comment utilises-tu tes pratiques dans tes facilitations ?
💚 Comment te nourris-tu en tant que facilitatrice ?
💡 Entre prestations rémunérées et mécénat de compétences comment fonctionnes-tu ?
Ces derniers mois j’ai fait beaucoup de mécénat de compétences et cela m’a apporté énormément de choses. J’ai donné du temps à des projets qui comptaient pour moi : L’air ivre, association dans laquelle je danse et je pratique le yoga, les Agron’Hommes, école nomade d’agroécologie et Contes à Rendre, une semaine de réflexion et d’inspiration pour interroger le rôle des imaginaires collectifs dans notre difficulté à transformer les entreprises.
J’ai également organisé des séances du Travail Qui Relie, que j’ai offertes comme un cadeau. Je les avais reçues comme telles et j’ai eu envie de les répliquer comme une initiative gratuite.
Le confinement m’a fait réfléchir autrement : cela m’a beaucoup questionné sur les enjeux de solidarité, sur comment je pouvais offrir mes compétences à d’autres personnes pendant cette période si particulière, et c’est pour ça que j’ai décidé de donner autant de temps à des projets de cœur.
Aujourd’hui, j’aspire à trouver un équilibre entre des missions rémunératrices qui m’assurent une stabilité et qui me permettent de m’investir sur des projets qui ont moins de ressources, en proposant des prix différents en fonction du type d’organisations accompagnées.
❓ Qu’a changé le confinement à ta vision de la facilitation ?
Le fait de faciliter en ligne est venu confirmer mon souci du sensible dans la facilitation. Je me suis rendue compte que l’on ne pouvait pas tout faire en ligne.
D’autre part, le confinement a rendu difficile des activités de création collective que je faisais pour me ressourcer (comédie musicale, théâtre d’improvisation, danse).
Au tout début, je me suis demandée comment faire sans. Puis, j’ai ramené la création collective dans mon travail. Par exemple, avec Ekiwork, où je donne des formations pour démasquer et réagir face au sexisme ordinaire, le lien de communauté s’est beaucoup transformé avec le confinement.
J’ai également co-créé un groupe de partage et d’entraide avec des entrepreneuses qui agissent pour l’égalité femmes-hommes. Et j’ai rejoint Contes à Rendre, où une équipe s’est créée à partir d’une intention postée sur les réseaux sociaux par un facilitateur. Cette équipe s’est créée de manière organique, ce qui a été très inspirant pour moi.
🎯 Selon toi est-ce que le métier de facilitateur.trice va continuer à exister ?
J’en suis sûre. Par exemple, Opaline, la fondatrice des Agron’Hommes va s’installer dans une ferme collective avec d’autres agriculteurs, d’autres porteurs de projets. Cela va soulever des questions de gouvernance, de travail en collectif, auquel des facilitateurs peuvent apporter des solutions.
Beaucoup de personnes ont envie de travailler ensemble, sans toujours en avoir les compétences. Or, c’est une des clés pour construire le monde de demain.
Les facilitateurs.trices permettent de poser le cadre.
On entend souvent une injonction : “libérons-nous des cadres”. Cependant, pour moi, poser un cadre permet à chacun d’exprimer sa liberté.
🎭 Tu as une pratique créative très développée (danse, improvisation théâtrale, comédie musicale). Comment utilises-tu tes pratiques dans tes facilitations ?
J’aime permettre aux participants d’apprendre par l’expérience.
Par exemple, j’ai déjà animé des ateliers de théâtre d’improvisation en entreprise pour oser lâcher prise, pour expérimenter la richesse du groupe et la complémentarité de chacun.e. Je parsème aussi mes séminaires de jeux d’improvisation pour se connecter les un.e.s aux autres, booster sa créativité, faciliter la convergence…
Souvent, des éléments de transmission peuvent passer par le corps.
Un autre exemple est l’outil de la bulle pour ouvrir les niveaux d’écoute (outil du presencing institute). Cela consiste en une marche en plusieurs temps. Au début on marche en étant centré sur soi, et progressivement on ouvre nos champs de perception. Puis, on croise d’autres personnes de manière neutre. Ensuite, en étant de plus en plus ouvert aux autres, en souriant, disant bonjour. Et enfin, en étant conscients de tout ce qui se passe autour de soi.
J’apprécie beaucoup également de faire se regarder les personnes dans les yeux 4-5 minutes avant qu’elles aient un échange privilégié. Au début, il y a toujours des rires de gêne, puis cela passe et permet de créer des conversations intimes, authentiques et profondes. Par exemple, j’ai fait un exercice de regard juste avant des échanges en binômes sur les qualités et forces de chacun.e.
💚 Comment te nourris-tu en tant que facilitatrice ?
Je me nourris en échangeant avec d’autres facilitateurs, en lisant leurs articles, en participant à d’autres ateliers (par exemple le travail qui relie, des ateliers sur l’holacratie).
Le livre “Devenir facilitateur” de Jean-Philippe Poupard m’a beaucoup inspirée.
Je me nourris beaucoup aussi de ce que je vois à l’extérieur et de mes pratiques créatives personnelles, par exemple la comédie musicale. Je m’inspire aussi beaucoup de toutes les expériences dans lesquelles j’ai fait ou je fais partie de collectifs.
Quelles sont tes questions du moment ?
- Comment expliquer la facilitation à quelqu’un qui ne l’a jamais vécu ?
J’ai découvert la facilitation en tant que participante, c’est ensuite cela qui m’a donné envie de le devenir. Comment aider des personnes qui n’ont jamais vécu d’atelier à voir au-delà des techniques / outils et de comprendre la valeur ajoutée de la facilitation en prise de recul, posture d’écoute.
- Comment travailler avec d’autres personnes sur des projets où les ressources financières ne le permettent pas forcément ?
- Comment trouver un équilibre entre les projets bénévoles et les projets rémunérateurs ?
L’appel d’Hélène : Hélène recherche une formation sur l’énéagramme. Si vous en connaissez, n’hésitez pas à transmettre l’information à Hélène via LinkedIn. De même, si vous avez des pistes de réflexion sur les questions abordées ci-dessus, Hélène se fera une joie d’échanger avec vous.
Retrouvez à ce lien la campagne de crowdfunding d’Agron’Hommes, projet d’école d’agroécologie nomade, dont Hélène est partie prenante très active.
Et retrouvez à ce lien plus d’informations sur les formations qu’Hélène propose au sein d’Ekiwork.